Histoire de Lussan
Dès le néolithique, notre secteur est habité par l’homme. Cette présence est confirmée par l’occupation de plusieurs grottes le long de la rivière Aiguillon et par le menhir de la pierre plantée qui, d’une hauteur de 5,60 mètres, est l’un des plus hauts du Languedoc.
Durant la période gallo-romaine, plusieurs établissements ruraux sont implantés dans la plaine, en particulier le long de la voie des Helviens. Celle-ci était l’une des 6 voies secondaires qui partaient de Nemausus (Nîmes) en plus de la voie Domitienne et qui conduisait à Alba et Albenate (Aubenas) en passant par Ucecia (Uzès). Le long de cette route, au bas du village, à la sortie d’une source, était implanté un fanum gallo romain (temple) auprès duquel a été découverte la statue d’une nymphe, actuellement exposée dans le hall de la Mairie.
La Féodalité
Le Moyen Age est une période d’accroissement de la population et de défrichements. Des hameaux et des mas se développent.
Au XIIe siècle, le premier château, dont il reste des parties de muraille, est construit par les seigneurs de Lussan, alliés à la famille de Barjac, elle-même rattachée au Comté de Toulouse. Dégradé lors de la révolte des Tuchins entre 1381 et 1384, il est réparé puis abandonné au XVe siècle, période durant laquelle Marquèze de Barjac *teste en faveur de son petit fils Jacques d’Audibert. Cette famille d’Audibert va devenir l’une des plus puissantes de cette région pendant 3 siècles. Elle construit à la fin du XVe siècle, sur le plateau, un nouveau château, abritant actuellement la Mairie, et même une cinquantaine d’années plus tard un troisième, plus confortable avec un parc, face à la source de Fan.
Cette famille, alliée aux Montmorency, voit au XVIIème siècle sa seigneurie érigée en Comté. Marie Gabrielle de Lussan, fille unique du comte Jean d’Audibert, épouse en 1700, Henry de Fitz-James, duc d’Albemarle, fils naturel de Jacques II Stuart, Roi d’Angleterre. Celui-ci étant décédé en 1702, elle épousera en 1707 Jean Drummond, duc de Melfort, dont la dynastie restera sur Lussan jusqu’à la révolution de 1789 avant d’émigrer en Angleterre.
*Sous l’ancien régime, dans les actes notariés, « tester » signifiait « faire son testament »
La Réforme
Au milieu du XVIème siècle, la Réforme touche Lussan où de nombreuses assemblées clandestines ont lieu dans la garrigue. Avec l’Édit de Nantes en 1598, les concessions accordées aux réformés ouvrent une période plus sereine mais sous Louis XIII les pressions religieuses reprennent. Elles s’intensifient en 1685 avec la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV.
Le pouvoir royal fait abattre de nombreux temples dont celui de Lussan. Cévennes et Languedoc se soulèvent à partir de 1702, Lussan est touché de plein fouet par la guerre des Camisards ; la région du Mont Bouquet devient rapidement un lieu stratégique de la résistance et de la révolte.
C’est l’époque des dragonnades, des conversions forcées, avec leur cortège d’exactions qui touchent les deux religions pendant que les assemblées du Désert se multiplient. En octobre 1703 une bataille se déroule aux pieds de Lussan mettant aux prises des Camisards, conduits par Jean Cavalier, et les troupes royales du marquis de Vergetot. Plusieurs lussannais et lussannaises connaîtront la prison, les galères ou l’exil.
Après la révolution de 1789, catholiques et protestants pourront se côtoyer pacifiquement et le XIXème siècle verra à la fois la reconstruction de l’église Saint Pierre au centre du village et la construction d’un nouveau temple en bordure des remparts.
La Révolution
Cette période mettra en avant des notables lussannais comme les Chastanier ou les Gide qui participent à la rédaction des cahiers de doléances. La commune de Lussan est créée en regroupant les paroisses de Lussan et Valcroze. Cette nouvelle commune, très étendue avec prés de 5000 ha, devient chef-lieu de canton. Les biens des Audibert sont portés comme bien d’émigrés et vendus à des particuliers de la commune. Théophile Gide se portera acquéreur du château de Fan qui restera une résidence d’été de la famille jusqu’en 1920. Le château du village sera, quant à lui, racheté progressivement par la municipalité; c’est aujourd’hui le siège de la Mairie.
Le XIXème Siècle – L’époque actuelle
Au XIXème siècle, Lussan atteint son apogée avec le développement de la production de la soie. La population dépasse les 1600 habitants. On plante des mûriers, les mas et maisons se remplissent de magnaneries, trois filatures fonctionnent dans le village. L’ouverture des frontières à la soie pratiquée par le second Empire va ruiner cette industrie. Les conséquences de la Grande Guerre de 1914-1918 contribueront par la suite à une désertification progressive du pays avec la diminution du nombre d’exploitations agricoles.
Aujourd’hui Lussan et ses hameaux prennent conscience de la richesse de leur patrimoine historique et culturel, de leurs atouts environnementaux et climatiques. Agriculture, artisanat et tourisme deviennent les trois principaux piliers du développement de la commune.
La famille Gide
Lussan est le berceau de la famille Gide. En effet, Jehan GIDO est recensé dans le compoix de Lussan en 1598 comme propriétaire d’une maison et de terres. La famille Gide va, pendant 3 siècles, marquer de son empreinte l’histoire de Lussan. Pendant cette période, nous retrouvons les Gide, dans un premier temps, sur les métiers et le commerce de la laine puis dans la magistrature avec un engagement fort en faveur de la religion réformée.
Ils jouent également un rôle important dans la période révolutionnaire. Théophile Gide et son père participent à la rédaction des cahiers de doléances de Lussan. Théophile s’occupe également de celui du Gard sous la responsabilité de Jean-Paul Rabaut de Saint-Etienne.
Dans le camp des girondins, sous la terreur, il est recherché et pour échapper à la guillotine se cache dans les bois et grottes du secteur des Concluses. Réhabilité après la chute de Robespierre, il devient Président du Tribunal d’Uzès avant de devenir conseiller à la Cour de Nîmes. Son neveu, Tancrède, né à Lussan en 1800, notaire à Uzès, est le père de l’économiste Charles Gide et le grand père d’André Gide, Prix Nobel de Littérature en 1947.
Le château de Fan acquis par Théophile Gide en 1795, restera une résidence d’été de la famille jusqu’en 1920, date de son acquisition par la municipalité
Résumé rédigé par Michel Guerber / Bernard Haegeli à partir de :
– LUSSAN Entre Cèze et mont Bouquet, Association «le mont Bouquet », LACOUR , 1992
– Les « Gide » Une famille de notre région à travers les siècles, Alain BOURAS, Cévennes Magazine, 2004.
– Notes personnelles de Roger Chastanier.
Lussan un village labélisé !
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